discours et hommages aux morts pour la France
Mais que referme ce cahier ?
Des mémoires de personnes qui après la guerre ont voulu rendre hommage aux morts pour la France. Dans les lignes qui suivent, vous lirez entre autre le discours de mon arrière grand -père alors Maire d’Héricourt en Caux qui a inauguré le monument aux enfants d’Héricourt en Caux morts pour la France.
Ces textes viennent d’un cahier où étaient consignées les réunions de notaires en Seine-Maritime. Mon arrière grand-père a été notaire puis Maire d’Héricourt en Caux (76)..
13 Mai 1919
Enfin, il est fini cet affreux cauchemar ! Et nous sommes entrés en vainqueurs dans Colmar dans Metz, dans Strasbourg où passant en rafales, une acclamation immense triomphale accueillis nos soldats, foulant ce sol sacré qu’ils avaient du germain à jamais délivré ! Partout nos trois couleurs volant de ville en ville fleurissent les clochers d’Altkirch à Thionville. L’alsace et la Lorraine enfin sont bien à nous ! A nous qui renversant tous les poteaux frontières et l’aigle impériale avec sa tête altière de toute la vigueur de vos puissants poumons avez jeté ce cri qui de la plaine aux monts Aise ? applaudissement de la France et du monde ;;;? Désespérément râlait la bête immonde s’est triomphalement partout répercuté : « Vive la grande France avec sa liberté ! » Soldats de France, grande et splendide famille où le même héroïsme à tous les degrés brille et nous métamorphose en bons : artisans ignorants et savants, citadins, paysans !
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Mais avant de parler en termes chaleureux, permettez-moi de rendre un solennel hommage à celui qui n’est plus : LETEURTRE* (pas de prénoms) dont l’image pâle et mélancolique ainsi qu’en son vivant a notre souvenir reviendra bien souvent lorsque ce cher confrère à l’appel de la France partit, tout au débat, ce fut sans espérance de le revoir jamais son foyer bien aimé !
Mais tenant son chagrin en son cœur enfermé quoiqu’il dut en souffrir sous son humble capote, il fit tout son devoir comme un bon patriote jusqu’au moment fatal ou frappé sans recours, Il tomba sans qu’on pût lui porter secours. – Oh ! Se voir tout seul quand la dernière heure sonne – Oh ! Mourir sans témoins, sans amis, personne la triste chose, hélas ! … Ce fut pourtant son sort… presque pendant quatre ans on ignora sa mort quatre ans ! … Calvaire affreux pour sa veuve éplorée qui seule, sans enfant, au foyer demeurée s’obstinait à penser qu’elle pourrait revoir son mari, ne vivant que de ce seul espoir mais depuis février, adieu toute espérance car on apprit alors qu’était mort pour la France aux plaines d’Aix Noulette, an 15, au 29 mai, ce confrère de nous grandement estimé !
- D’après Mémoire des Hommes, ce serait un certain Louis ou Gustave Louis LETEURTRE, tué à l’ennemi et était au 329e régiment d’Infanterie – prénom à confirmer. Ex : Louis Alfred Leteurtre est né à Doudeville, le 26 avril 1881 BMS p23/61. L’acte n’a pas de mentions marginales.
Discours de Monsieur le Maire d’Héricourt en Caux (René BOURILLON), le 17 juillet 1921 lors de l’inauguration du monument aux enfants d’Héricourt en Caux Morts pour la France.
Ma première pensée sera une pensée de recueillement devant le Monument que nous inaugurions aujourd’hui destiné à commémorer le martyre glorieux de nos trente cinq héros.
Ma première parole sera pour saluer respectueusement au nom de la population tout entière leurs familles endeuillées et apporter à celle-ci l’expression issue de nos plus vives sympathies.
Je remercie la patriotique population d’Héricourt dont les offrandes généreuses ont permis l’édification d’un monument digne de ses morts, les membres du comité d’érection, les dévoués organisateurs de cette fournie, enfin tous ceux qui par leur argent ou leur travail ont collaboré à la réalisation du projet et à la réussite de cette patriotique cérémonie je dois apporter les excuses et les regrets de M le Sous-préfet d’Yvetot, de M le Sénateur Quesnel, de M le député Savoine qui tous trois retenus […]
Ils se souviendront que pendant plus de quatre années, ces mêmes hommes, ces héros ont lutté contre toutes les misères, contre toutes les inventions diaboliques d’un adversaire sans scrupules et sans foi, enduré des souffrances sans nom, traversé des épreuves terribles, opposant toujours et sans trêve de la mer du Nord aux Vosges, en Italie, aux Dardanelles, sur le Vardoi, partout le rempart de leurs poitrines à un ennemi sans cesse renouvelé, et sacrifiant sans sourciller jusqu’à la dernière goutte de leur sang. […]
Au cours de ces années terribles les jours d’angoisse se succédèrent, les morts s’ajoutèrent aux morts, les familles en larmes aux familles en larmes, et plus de 1.500.000 vies humaines furent la rançon de la victoire Française.
Cette victoire éclatante de nos armes, cette abondante moisson de lauriers, nous la devons, ne l’oublions pas, non seulement à la tactique et à la science militaire de nos grands chefs mais au sacrifice de nos héros qui, partout où ils ont été, ont contenu, refoulé, puis chassé l’ennemi…
Discours de M Le conseiller d’arrondissement d’Ourville – Inauguration du monument aux morts d’Héricourt en Caux – Morts pour la France, 17 juillet 1921.
Les morts, avec le concours de leurs camarades aujourd’hui survivants, et plus ou moins valides, les morts ont accompli une œuvre d’une valeur inappréciable pour la France et pour le monde…jusqu’à la cessation des hostilités. Mais à dater de cet insistant précis leur œuvre à été de jour en jour et sans cesse amoindri, réduite, lacérée, en partie ruinée. C’est au moment où le sacrifice de nos quinze cent mille morts et où les souffrances des survivants allouent recevoir leur pleine récompense, c’est au moment où les armées ennemies s’enfuyant en déroute, c’est au moment où l’armée allemande allait se trouver pris dans les tenailles des armées françaises, c’est à ce moment que la signature de l’armistice a été imposée à la France pour sauver l’armée allemande et pour sauver avec elle l’orgueil allemand.
Ceux qui combattaient à nos côtés pour leur propre compte, il faut bien le dire et il ne pouvait pas en être autrement ceux là n’avaient pas voulu dans leur propre intérêt que la France pût tomba sous le joug allemand.
Ils ne voulurent pas davantage que la France eut les moyens de redevenir trop grande et trop prospère. Ils croyaient voir un égal péril d’un côté comme de l’autre.
Les dirigeants de pays alliés ou associés, qui le 11 novembre 1918, c’est-à-dire quelques jours trop tôt, nous ont contraint de signer l’armistice, ceux là ont arraché à nos morts le prix de leur sacrifice, et ils ont tué une seconde fois nos quinze cent mille morts.
Voilà ce qui un père a le droit de dire. L’Allemagne n’a pas eu l’impression de la défaite.
Les troupes rentrant sur son territoire ont été couvertes de fleurs. L’Allemagne n’a pas été écrasée par la guerre comme elle était sur le point de l’être. Elle n’a pas été davantage désagrégée par la paix.
Le traité de Versailles a sauvé l’unité allemande, en même temps qu’il a fortifié la puissance de la Prusse en Allemagne. […]
Il faut qu’on se pénètre bien de ces choses, qu’on se fasse une idée bien nette de la situation telle qu’elle est. Il le faut pour la mémoire des morts dont le sacrifice n’a pas été pleinement récompensé.
Il le faut pour pouvoir continuer leur œuvre, qui était hier inachevée, et qui est aujourd’hui, si grandement compromise, œuvre à laquelle nous devons pour le relèvement de la France nous employer tous chacun suivant ses forces, ses aptitudes et ses moyens.
Aux anciens combattants, qui doivent être l’objet de notre constante sollicitude, nous redisons les vœux de la nation, qui doit pouvoir compter sur eux dans la paix, comme elle a été sauvée par eux dans la guerre.
Aux familles des héros de la grande guerre, aux parents de vaillants enfants d’Héricourt en Caux morts pour la France nous adressons, en cette heure solennelle l’expression de notre cordiale sympathie avec l’assurance que nous partageons tout à la fois, leur douleur et leur légitime fuite.
Soldats de la Justice et de la liberté
Soldats du droit des peuples et du droit des gens
Soldats de la France et de l’humanité
Défenseurs des principes éternels de la puissance divine
Honneur et gloire à vous !
Honneur et gloire à vous qui avez été
Sacrifié pour le salut du monde !
Honneur et Gloire à vous enfants
D’Héricourt en Caux
Qui êtes morts pour que la France vive…
Vive la France !
Il est étonnant de voir que l’expression de « bête immonde » était déjà employée en 1919.