La généalogie juive et la recherche d’ancêtres étrangers ayant vécu en Belgique
Voici l’interview de Vincent Vagman, 50 ans. Il est historien et travaille en free-lance en Belgique francophone et propose des services innovants dans la recherche sur les généalogies juives.
Vincent Vagman :
Après des études d’histoire, de sciences politiques et de management à l’université de Louvain-la-Neuve, Vincent Vagman s’est spécialisé dans la « micro-histoire », qui tend à saisir l’articulation entre les grands courants de l’histoire générale et les réalités « humbles » vécues par les êtres humains concrets.
La réalisation d’une monographie familiale très remarquée intitulée Elie Vagman et ses descendants : persécutions, migrations et assimilations au cours d’un siècle de diaspora, Aftalyon – Gruissan – Jambes, 2007-2009 l’a conduit à développer une série de services à destination des descendants des milliers de familles juives ayant vécu en Belgique.
Ceux-ci le consultent de Belgique, de France, du Canada, d’Israël ou des USA en recourant à son site son site : http://www.zakhor-belgium.com
On lui commande des biographies familiales dans lesquelles sa marque de fabrique ressort avec constance ; elle consiste à souligner la singularité des personnages et à reconstituer leurs parcours à la lumière d’enchaînements historiques plus vastes. Du reste, Vincent Vagman est désormais également reconnu pour ses méthodes de contextualisation des personnages, dont la portée dépasse largement les familles juives.
INTERVIEW
Jérémie Bourillon – Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est que la contextualisation et en quoi cela est utile à un généalogiste ?
Vincent Vagman – Il est souvent frustrant de devoir se contenter de la connaissance d’un ancêtre lointain sur la seule base d’une inscription dans un registre paroissial ou municipal, d’un acte de décès … sans en savoir guère davantage ! Pour utiliser une image, je dirais que cette méthode de contextualisation permet de ne pas se contenter de réaliser son arbre généalogique ; elle libère la sève qui alimente cet arbre et lui donne sa texture. La contextualisation offre un nouveau regard sur le passé d’une famille en l’inscrivant dans la « grande Histoire », mais dans le respect de son rythme d’évolution spécifique, en distinguant ses traits uniques de ses traits identiques. L’approche est aussi plus complète car on sait que si ce sont les hommes qui font l’Histoire, l’Histoire est aussi la toile de fond identique sur laquelle ils effectuent des trajectoires singulières. Omettre un de ces aspects uniques ou identiques, c’est négliger une partie de son passé. Les techniques de contextualisation permettent en outre au final d’objectiver des personnages marquants dans une lignée.
Jérémie Bourillon – Pouvez-vous nous donner un exemple de vos propres réalisations ?
Vincent Vagman – Je me suis penché récemment sur le cas d’un déporté juif du XXème convoi parti de Malines (N.d.l.R. Le « Drancy belge ») qui a sauté du train avant la frontière allemande et a finalement eu la vie sauve. Outre les documents retrouvés qui permettent de retracer son parcours tout au long du processus de traque des Juifs en Belgique, cet événement salvateur correspond aussi à un fait très particulier si pas unique, dans la déportation d’Europe occidentale : l’attaque d’un convoi par la Résistance. Il a évidemment aussi un grand retentissement sur le vécu familial dans les générations suivantes.
Jérémie Bourillon – Comment en savoir davantage sur cette méthode ?
Vincent Vagman – Je propose à tous nos lecteurs d’utiliser la page contact de mon site www.zakhor-belgium.com pour demander à recevoir gratuitement l’e-book 13 qui présente cette méthode avec ses fondements théoriques.
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Jérémie Bourillon – Quel est l’intérêt des archives de police des étrangers en Belgique pour un généalogiste ?
Vincent Vagman – Tout généalogiste dont un parent a émigré en Belgique se doit de pouvoir consulter le dossier individuel que la sûreté publique belge lui a consacré. On y trouve des photos, le domicile, le métier, la descendance et l’ascendance, les activités culturelles et aussi les idées politiques qui intéressaient cette police. Je suggère de télécharger librement mon ebook 41 intitulé LE GUIDE-ZAKHOR-BEL. Il est certes consacré à la généalogie juive mais les renseignements qui y figurent aux pages sur la police des étrangers sont valables pour tout étranger arrivé sur le sol belge. Les indications pratiques y figurent pour introduire une requête auprès du service à Bruxelles et se procurer les archives en ligne. Il sera toutefois demandé d’attester sa descendance.
En cas de départ de Belgique, la destination est également souvent mentionnée. Leur numéro d’indigénat permet aussi le cas échéant d’obtenir le dossier de naturalisation.
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Jérémie Bourillon – Pourquoi avez-vous appelé votre site « zakhor-belgium » ?
Vincent Vagman – En référence à un héritage biblique très parlant pour le public juif à qui s’adresse le site. Zakhor renvoie à un cocktail de mémoire, de transmission, d’importance du nom de famille. Cette valeur culturelle ancestrale n’en n’a que plus de pertinence aux yeux de ceux qui vivent aujourd’hui après la tentative de destruction du peuple juif en Europe.
Jérémie Bourillon – Vous intervenez au service de généalogistes juifs qui ont un passé familial en Belgique. Que leur proposez-vous ?
Vincent Vagman – J’ai conçu une gamme de services qui vont de la méthode gratuite à une réalisation « clé sur porte » avec un livre complet rédigé et illustré avec cession des droits d’auteur. Mais un généalogiste qui a par définition le goût de la recherche et des livres d’histoire peut déjà avancer très concrètement avec la méthode gratuite : il lui suffit de se rendre sur mon site et de télécharger le GUIDE ZAKHOR-BEL dont je parlais à l’instant. Il contient une série d’indications pratiques pour obtenir des archives déjà très complètes sur la vie de prédécesseurs en Belgique.
Jérémie Bourillon – Quel est alors l’intérêt de solliciter un de vos services payants ?
Vincent Vagman – Selon le service choisi, on bénéficie de prestations qui assurent une rigueur d’interprétation, des traductions de diverses langues (dont le néerlandais omniprésent en Belgique) vers le français, un confort pour obtenir chez soi une série de sources numérisées et une connaissance approfondie des trajectoires familiales influencées par le contexte historique belge (métiers, activités culturelles, politiques, …).C’est important si l’on veut bien comprendre un parcours de vie.
Il existe aussi des services « sur mesure » : pour compléter un arbre généalogique, on me demande par exemple des précisions pour comprendre certaines informations tirées des sources, de fournir des photos illustratives de lieux de vie.
Jérémie Bourillon – Existe-t-il des archives relatives aux familles juives en Belgique consultables en France ?
Vincent Vagman – C’est une même administration militaire d’occupation qui recouvrait la Belgique et une partie du Nord de la France entre 1940 et 1944. Dès lors, certains documents sont conservés aux AN. On peut y retrouver des documents complets relatifs à la spoliation des biens juifs. Un inventaire disponible en ligne permet de faire un repérage pour préparer sa consultation et retrouver le dossier de sa famille selon le type de métier (pages 115-144 du document téléchargeable gratuitement (document PDF La France et la Belgique sous l’occupation allemande 1940-1944. Les fonds allemands conservés au Centre historique des Archives nationales Inventaire de la sous-série AJ40) → voici le lien : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/series/pdf/Aj40-inventaire.pdf
Jérémie Bourillon – Quels sont les plus grands succès remportés avec vos services pour des généalogistes ou des familles en quête de leur passé ?
Vincent Vagman – Notamment avoir permis à quelqu’un de retrouver une cousine dans le New Jersey, avoir retrouvé la trace d’une déportée qu’avait perdu sa famille en retrouvant sa fausse identité lors de son arrestation, et avoir fait en sorte que des enfants cachés ensemble pendant la guerre puissent se recontacter des décennies plus tard.
Jérémie Bourillon – Quels sont les plus grands succès remportés avec vos services pour des généalogistes ou des familles en quête de leur passé ?
Vincent Vagman – Notamment avoir permis à quelqu’un de retrouver une cousine dans le New Jersey, avoir retrouvé la trace d’une déportée qu’avait perdu sa famille en retrouvant sa fausse identité lors de son arrestation, et avoir fait en sorte que des enfants cachés ensemble pendant la guerre puissent se recontacter des décennies plus tard.
Jérémie Bourillon – Assurez-vous aussi d’autres prestations en dehors des services aux familles ?
Vincent Vagman – Récemment, la validation d’un scenario de film documentaire. Actuellement un livre sur la présence juive à Charleroi commandé par leur communauté, des listes nominatives ; je rédige aussi des petits inventaires personnalisés de lieux de mémoire familiale à destination de descendants américains de familles visitant la Belgique. On me consulte également pour des actions mémorielles.
Le travail ne manque pas et la passion est plus grande que jamais !
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